Les exportations automobiles chinoises vers la Russie s’effondrent : changements de politique et refroidissement du marché

3

Le boom automobile chinois en Russie s’est brusquement arrêté, les exportations ayant chuté de 58 % sur un an. Ce qui était autrefois un marché lucratif et très lucratif pour les constructeurs automobiles chinois est désormais confronté à de graves difficultés liées au durcissement des politiques russes et à l’affaiblissement de la demande des consommateurs. Ce changement met en évidence la rapidité avec laquelle les conditions géopolitiques et économiques peuvent remodeler les flux commerciaux mondiaux.

De l’opportunité à l’obstacle : la transformation du marché russe

Avant le conflit russo-ukrainien de 2022, les marques chinoises détenaient une part mineure du marché automobile russe (environ 7 %). Cependant, lorsque les constructeurs automobiles occidentaux ont suspendu leurs activités en raison des sanctions, un vide s’est créé, que les constructeurs automobiles chinois ont rapidement comblé. D’ici 2023, les exportations ont presque quintuplé, faisant de la Russie la première destination des exportations automobiles de la Chine. Les ventes des marques chinoises ont dépassé les 500 000 unités, capturant près de la moitié du marché.

Mais cette croissance rapide n’était pas durable. À partir de fin 2024, la Russie a mis en œuvre une série d’ajustements politiques qui ont décimé les marges bénéficiaires. Les frais de recyclage des véhicules importés ont été augmentés de 70 à 85 % et les droits d’importation de 20 à 38 %. Ces taxes ont effectivement éliminé l’avantage de prix des voitures chinoises, qui prospéraient auparavant grâce à de faibles coûts.

Combler les failles et écraser les canaux gris

Pour renforcer davantage le contrôle, la Russie a comblé les failles qui permettaient aux constructeurs automobiles chinois de réexporter des véhicules via des pays tiers comme le Kazakhstan, en les qualifiant de « voitures d’occasion à kilomètre zéro » pour éviter les taxes. Cette pratique, qui avait alimenté une grande partie de la hausse antérieure des ventes, a été effectivement abandonnée. La répression a également révélé des problèmes d’assurance qualité, car les véhicules non autorisés manquaient souvent de services de réparation appropriés, nuisant ainsi à la réputation des marques chinoises.

Vents contraires économiques et retour des concurrents

À ces changements de politique s’ajoutent les taux d’intérêt élevés en Russie (environ 30 % pour les prêts automobiles) et l’inflation persistante qui ont freiné la demande des consommateurs. Le prix moyen d’une voiture en Russie est passé à environ 41 400 dollars, ce qui dissuade encore davantage les acheteurs. Simultanément, des marques étrangères comme Toyota, Renault, Hyundai et Kia ont signalé leur intention de revenir sur le marché russe, créant ainsi une attitude attentiste parmi les consommateurs.

Les chiffres racontent l’histoire : un ralentissement dramatique

De janvier à septembre 2025, les ventes de voitures neuves en Russie ont diminué de 25 % sur un an. Les ventes des marques indépendantes chinoises ont chuté de près de 50 % au cours de la même période. Face à ces évolutions du marché, des centaines de showrooms automobiles, dont une majorité de concessionnaires chinois, ont fermé leurs portes. Les principaux constructeurs automobiles, tels que Chery, réduisent de manière proactive leurs activités et vendent leurs actifs en Russie.

L’essentiel

L’augmentation rapide des exportations automobiles chinoises vers la Russie est une conséquence directe des perturbations géopolitiques et d’un vide temporaire du marché. Toutefois, les ajustements politiques, les pressions économiques et le retour des concurrents étrangers ont rapidement inversé cette tendance. La situation souligne la fragilité des flux commerciaux dans des environnements instables et l’importance de la durabilité à long terme plutôt que des gains à court terme.